Edmond DARTEVELLE
Un Valeureux Explorateur Africain
du 1er juin au 11 novembre 2010

Edmond Dartevelle fut un vrai personnage de film ou de roman moderne

Chercheur africaniste, il a été partagé entre l’action et la science, l’engagement et l’étude solitaire. Après des études approfondies qui font de lui un pur expert des fossiles de l’ère secondaire et tertiaire, il entame en 1933 sa première mission au Congo, en Angola et en Afrique Équatoriale Française, consacrée à la structure géologique et à la paléontologie des rivages du fleuve Congo et du littoral atlantique, de Pointe-Noire à Mossamédes. 

Malgré son éducation de colon moyen, il découvre au cours de son expédition à la tête d’une escorte de travailleurs noirs, l’art et l’histoire des peuples indigènes, mais aussi leur profonde misère et la violence du capitalisme colonial. Ses fouilles dans le sol et les formations rocheuses au terme d’équipées épuisantes à travers brousses, savanes, forêts, sa vie avec les habitants dans les hameaux pauvres font de l’intellectuel de laboratoire un explorateur aventureux, dur, attentif aux hommes. Il entame sa 2e expédition de découvreur scientifique en 1937-38 avec un autre regard.

Secondé par son épouse Andrée, il récolte non seulement des échantillons géologiques, des espèces rares mais aussi des milliers d’objets quotidiens ou rituels des Kongo pour les musées européens et belges. Il apprend les langues locales, il apprend à aimer non plus l’Afrique, mais les Africains. De retour en Europe, sa connaissance de l’Allemagne lui ouvre les yeux sur le nazisme. Il devient volontaire dans l’artillerie anti-aérienne, puis après la défaite, son expérience d’homme d’action le pousse dans les rangs de la Résistance où il se démultiplie et pratique toutes les formes du combat contre l’occupant, de la presse clandestine à la lutte armée. Arrêté et torturé en avril 1943, il est « libéré », puis commandant d’un maquis en 1944 qui participe aux combats de la Libération.

Après la guerre, il retourne au Congo belge avec sa famille  comme ingénieur et géologue auprès de l’autorité coloniale, mais il est peu fait pour cette vie de fonctionnaire et son rejet des colons le met en difficulté, il termine son séjour dans le désert du Sud de l’Angola, pays où il a le mieux vécu son africanité et travaillé librement. 
De retour en Belgique, il souffre des séquelles des tortures subies en captivité, il écrit une œuvre scientifique considérable, passant de sa spécialité (mollusques vivants et fossiles, crustacés, poissons fossiles) à une synthèse majeure sur le bas fleuve Congo, puis à un essai ethnologique sur la monnaie ancienne des citoyens bakongo. Il meurt à 49 ans, victime de ses généreux engagements, laissant son œuvre inachevée, sa femme-collaboratrice et quatre enfants.

L’imagerie de l’explorateur courageux au sens du XIXe siècle, homme d’action et de terrain, en marge d’une colonisation brutale et de savant à la Jules Verne parti à la conquête de savoirs sur l’histoire des peuples noirs et des formations géologiques du Bakongo lui va bien, parce qu’il a voulu croiser ces domaines, en héritier des encyclopédistes français, rompant avec l’exiguïté de l’expert, risquant des totalisations partielles, tiré par un projet global toujours remis en question, toujours inachevé. Restent ses écrits et les chefs-d’œuvre de l’art Kongo qu’il a collectés et qui sont les véritables sujets de la présente exposition.


Bernard Dulon et Laurent Jacob - Commissaires de l’exposition

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